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Manip vivresM
Durant l’été austral du ravitaillement est apporté par le bateau à chaque rotation. Cet approvisionnement est destiné aux différentes bases polaires Françaises, Dumont d’Urville bien sûr pour tout l’hiver, mais aussi Concordia qui est sur le continent et Prudhomme qui n’est armée qu’en été et qui d’ailleurs vient d’être fermée pour l’hiver qui approche. Les provisions des autres bases sont stockées à DDU en attendant maintenant la fin du printemps prochain, en fin d’année, quand les expéditions du raid vont reprendre pour ravitailler Concordia depuis DDU jusqu’à l’intérieur du continent.
Les quantités sont donc assez considérables, des dizaines de tonnes, qui sont entreposées dans des bâtiments qui sont maintenus à différentes températures selon la nature des vivres. C’est ainsi que l’on parle du +4 ou du -20 qui sont respectivement les températures auxquelles sont conservées les aliments dits frais et les surgelés


Approche
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A chaque rotation du bateau et en particulier pour celle-ci, R4, qui est la dernière avant l’hiver polaire, les vivres sont déchargés dans des conteneurs maintenus aux températures sus nommées sur la piste du Lion qui est aussi le quai du navire.
La manip vivre consiste en le déchargement de ces conteneurs pour reconditionner le fret dans des cages qui vont être héliportées à l’entrée des bâtiments de stockage situés sur la base au sommet de l’île où elles seront déchargées une par une pour y entreposer les vivres au fur et à mesure.


Lorsque l’hélicoptère, affecté sur d’autres taches de transport pendant la durée de l’escale, fret et passagers, est prêt, une annonce générale est faite par hautparleurs, et les gens qui sont en mesure de donner de leur temps viennent se positionner à l’endroit des héliportages pour procéder au déchargement manuellement.
Pour l’hélicoptère, cela représente des manœuvres très délicates et précises, répétitives. L’approche se fait au ras des toits des bâtiments de la base, le positionnement en stationnaire se fait à 10 cm près juste devant
positionnement en stationnaire
guidage
l’entrée, parfois et même le plus souvent avec du vent.
Pour le préposé au sol, le guidage de la charge et son décrochage sont des manœuvres très dangereuses. Les communications entre le pilote et le préposé se font à la fois en visuel et par radio. Tout est très rapide, quelques secondes pour se positionner et décrocher, et on va en chercher une autre à coup d’une tonne environ par 

cage.
Pendant ce temps-là, tout le monde rentre dans le bâtiment au cas où l’hélicoptère se crasherait. A peine est-il parti, que l’on sort comme des diables de notre boîte pour décharger la cage et faire une chaîne pour apporter les vivres à leur place d’entreposage prévu par le cuisinier qui gère en bout de chaîne le rangement. C’est épuisant pour lui, car une cage d’une tonne est généralement déchargée en une dizaine de minutes, et c’est un flux continu qui lui arrive car l’hélicoptère livre en moyenne une dizaine de cages par manip ! De plus, il n’y a pas d’ordre, les différentes sortes de vivres sont rangées dans les cages de façon aléatoire, un colis contient de la salade, le suivant du fromage, le troisième des bières, ainsi de suite pendant une à deux

heures d’affilées.
L’ambiance est excellente entre nous, c’est un moment particulier ou chacun prend une place variable dans la chaîne, certains préfèrent être dehors, d’autre dedans ou alternent. On se jette parfois les colis qui pèsent des poids très variables selon le contenu, les blagues fusent, c’est un moment de convivialité récréative qu’il ne faut pas manquer, même si au bout de deux mois on commence à être un peu saturé. Mais c’est la dernière grosse manip du genre, le bateau partant demain ou après-demain. En effet, le pack (la banquise) commence à se reformer au large et le commandant du navire est pressé de repartir pour ne pas risquer d’être coincé par les glace
Il y aura d’autres manip vivres au cours de l’hiver : celles de déstockage des vivres en général réalisées le samedi pour la semaine à suivre, mais d’une échelle considérablement réduite puisque nous allons bientôt nous retrouver à 29, les « campagnards d’été » repartant avec le dernier bateau